Réussite du programme d’irrigation 12 mois sur 12 de 33 ha de maraichage
Les objectifs du programme étaient principalement la mise en place de l’irrigation, 12 mois sur 12, sur 33 ha de champs maraichers sur la commune, à partir de forages profonds (200 m). Ce programme de trois ans, de 860 000 euros, financé à parts égales par l’Agence Française de Développement (AFD) et le gouvernement nigérien avec une contribution complémentaire très significative d’Agro-sans-frontière-Suisse, est arrivé à son terme le 12 avril 2019.
Rappel des objectifs
Deux phases se sont succédées. La première achevée en novembre 2017 sur 17 ha portait sur la réhabilitation des deux sites existants (TK1 et TK2) situés autour de la mare de TapKin Saw et irrigués jusqu’à présent par une nappe superficielle qui s’épuise en 3-4 mois après la saison des pluies. La seconde visait à la création de 2 nouveaux sites d’une surface totale de 16 ha, l’un situé proche de TK1 et l’autre du village voisin de Togone dont l’équipement a été terminé à la fin avril 2019. En parallèle à ces améliorations des sites de production, notre partenaire suisse associé à la Fédération des coopératives maraichères nigériennes (FCMN), a permis la réalisation de locaux de stockage réfrigérés de 100 t chacun, pour la conservation et l’étalement dans le temps de la commercialisation du stock des pommes de terre produites.
A ces objectifs liés à l’irrigation pour le maraichage auxquels ont été consacré l’essentiel du budget, un troisième a été de continuer nos actions en faveur de l’amélioration de la culture du mil et du niébé (petit haricot) car il s’agit de l’alimentation de base de la population. Nous avons développé plus de 200 ha les champs-écoles en faveur de 200 agriculteurs pour leur permettre d’augmenter leur production et leurs revenus. Le principe est de les aider, au moyen de prêts remboursables à la vente, à appliquer des méthodes de cultures plus efficaces (semences sélectionnées, apport d’intrants et stockage) sur moitié de leur parcelles afin de leur démontrer l’avantage comparatif.(pour plus d’information cliquer ici)
Un audit externe effectué à la demande de l’AFD a donné un jugement très favorable quant à la réussite du programme conformément aux engagements. Cependant un certain nombre de difficultés ont bien évidemment été rencontrées, des solutions ont été trouvées pour certaines, et un plan d’action a été mis en œuvre pour les autres, à la suite de la réunion de tous les partenaires à Niamey en octobre 2018.
Quelles sont les réalisations et les difficultés rencontrées?
Lors de la première campagne d’essai de culture (novembre 2017-février 2018) une mauvaise répartition de l’eau dans le réseau a été assez rapidement réglée par le recalibrage d’une partie des tuyaux. Mais deux problèmes plus sérieux à long terme sont apparus quant à l’alimentation électrique des pompes d’irrigation et des magasins de stockage.
Le premier concerne le site TK2 dont le raccordement au réseau électrique NIGELEC n’a pas pu être effectué en raison d’une sous-estimation du devis. Le second, que l’on retrouve pour les locaux réfrigérés, vient des coupures de courant de plus en plus longues de NIGELEC. Alors que dans la phase de préparation du programme les coupures étaient au plus de quelques heures par jour, elles sont maintenant de plusieurs jours, ce qui est catastrophique pour les cultures. Le président des maraichers a, par exemple, perdu 70% de sa récolte de pommes de terre. Ces interruptions de courant sont encore potentiellement beaucoup plus graves pour les magasins de stockage réfrigérés puisqu’elles peuvent conduire à la perte du stock qui pour un local de 100 t représente une valeur marchande minimale de 38 000 €. Face à cette situation, il a été décidé d’équiper chaque puits et chaque magasin de stockage de groupes électrogènes. Cependant, outre son coût élevé, cette solution est très imparfaite car les groupes électrogènes sont rapidement tombés en panne ce qui a induit de nombreux dépannages. De tels groupes ne sont pas prévus pour un fonctionnement continu dans les conditions de température locale (40-50°C).
Malgré toutes ces difficultés la seconde campagne de mars à juin pour TK1 a pu se dérouler à la satisfaction des maraichers. Il faut insister sur le fait que c’est la première fois que des cultures pouvaient être conduites à cette époque de l’année à Dogondoutchi, ce qui valide notre démarche. Un autre motif de satisfaction et élément essentiel pour la réussite du projet, c’est la mise en place d’une organisation des maraichers afin de gérer collectivement le système de perception des redevances pour l’eau consommée, mais aussi pour le financement des activités de formation et de suivi agronomique dont la rotation des cultures.
Quelles sont les décisions prises?
L’objet de l’essentiel des discussions, a été la recherche de moyens pour remédier aux carences de l’alimentation électrique. Nous avons décomposé les différentes actions à entreprendre par chacun et fixé un calendrier des urgences.
Installation d’un champ solaire pour le site TK2 : Pour l’irrigation, la première urgence a été l’alimentation électrique de TK2 qui en est dépourvu, contrairement aux trois autres sites. Un champ solaire d’un coût 2 à 3 fois inférieur à celui du raccordement au réseau a été installé fin février 2019. Il donne satisfaction mais le débit obtenu est un peu faible car le reliquat financier était trop juste pour faire mieux.
Financement de l’alimentation complète par énergie solaire des 4 sites de pompage. À la fin du projet en mai, il restait à trouver le financement pour équiper les 3 autres sites et améliorer celui de TK2 pour se mettre à l’abri des délestages de NIGELEC. À partir d’une étude énergétique approfondie effectuée par le président de l’association, un projet de 80 000 € a été élaboré au retour de la mission. Le financement par la coopération suisse vient d’être obtenu pour une installation d’ici février 2020. Il assurera à l’ensemble des installations un fonctionnement fiable du point de vue technique et organisé de façon pérenne pour en faire un pilote pour des installations futures.
En parallèle, la FCMN a lancé un projet de solarisation de l’alimentation électrique des 2 magasins de Dogondoutchi. Le financement est en bonne voie grâce à une action de ASF-CH, son partenaire financier habituel.
Et pour l’avenir?
Cette réalisation peut maintenant servir d’exemple pour étendre la surface de parcelles de maraichage irriguées dans la commune et dans les cinq autres communes du département. Une réunion des six maires du département à Niamey en octobre 2018 avait permis de faire apparaître les besoins. Par ailleurs, à la suite de la remise de notre rapport d’exécution en mai, l’AFD satisfaite des réalisations, nous a fortement encouragé à présenter un projet plus ambitieux à la condition toutefois de nous appuyer sur ONG d’une plus grande assise financière et plus professionnelle. Des contacts très encourageants sont en cours avec deux associations l’IRAM et le GRET.
Afin de monter le nouveau projet en fonction des besoins locaux, il a été convenu avec nos partenaires nigériens que les maires intéressés devront financer les études préalables. Les réunions de concertation sont en cours sous la conduite du génie rural départemental pour une remise du projet fin octobre-début novembre.