Bilan de la saison agricole juin 2012- janvier 2013
Bonne pluviosité, bon rendement.
Grâce à une bonne pluviosité, 535 mm et 37 jours de pluie au lieu de 372 mm et 25 jours en 2011, l’année 2012 a permis de faire remonter les rendements agricoles à 700 kg de mil par hectare dans les champs-écoles, ceux bénéficiant de grains sélectionnés et d’engrais, c’est-à-dire aux valeurs des années 2009 et 2010. En 2012, le nombre de champs-écoles chez les producteurs est resté stable par rapport à l’année précédente (170 agriculteurs) en raison des difficultés rencontrées à cause de la sécheresse de 2011qui a amené le retrait de certains mais on a assisté à un afflux assez important de nouveaux candidats (+36) qui a compensé les départs. Ce choix a été très bénéfique pour eux puisque les rendements ont été, comme toutes les bonnes années, en moyenne de 70% supérieurs à ceux de leurs parcelles voisines cultivées traditionnellement.
Remboursement des prêts, bonne marges bénéficiaires.
Le remboursement au Crédit Mutuel du Niger (CMN) des prêts pour les semences et les engrais s’est fait sans difficulté et les bilans d’exploitation individuels montrent un bénéfice monétaire très souvent supérieur à 50% du chiffre d’affaire, grâce à cette bonne récolte. De plus, les trois agriculteurs déficitaires de 2011 ont pu compenser leurs pertes, et même delà, grâce à un mouvement de solidarité au niveau de l’organisation agricole du village qui a consisté à leur fournir gratuitement les semences et l’engrais en 2012.
Développement du warrantage.
Le warrantage consiste, à la récolte, en une avance par le CMN, sur la recette des ventes futures au moment de la vente quand les cours ont remonté à une valeur raisonnable. Comme dans le cas des prêts c’est un moyen de se protéger contre la spéculation. Pour cette deuxième année de l’expérience les tonnages mis en jeu ont considérablement augmenté. Ainsi 42,5 tonnes de mil, 15 t de Niébé et 8 t d’arachide ont été vendues à comparer aux 51 t de mil vendues pour le remboursement des prêts semence+engrais.
Magasin de stockage.
Le développement des capacités de stockage a été, comme les années précédentes, un élément essentiel pour assurer le remboursement des prêts et la réussite du warrantage. En effet les magasins permettant d’éviter de vendre à la récolte au moment où les spéculateurs achètent à bas prix en profitant du besoin immédiat d’argent des producteurs. Un quatrième local de stockage a été construit en 2013, soit un de plus que prévu dans le programme MAEE. De cette façon, les 5 villages participant aux champs-écoles bénéficient d’un magasin car le 5éme village était déjà équipé.
Organisation paysanne.
Les supports financiers ne prennent leur valeur qu’en conjonction avec les deux autres éléments indispensables : les améliorations techniques et le développement du niveau de connaissance et d’organisation des producteurs. La mise en place de prêts collectifs pour le warrantage et la solidarité organisée lors de la sécheresse de 2011 montre un renforcement très net des organisations paysannes de chaque village mais des progrès restent à faire quant à la compréhension et au suivi des protocoles de labour superficiel et de fertilisation afin de réduire les importantes variations de rendement d’une parcelle à l’autre.
Le maraichage de pomme de terre.
Le soutien au maraichage de la pomme de la terre entamé en 2011-2012 a été poursuivi sous forme de prêt à l’achat de semence; 69 agriculteurs en ont profité dont 19 femmes. La bonne récolte a permis de rembourser les prêts sans problèmes.
Difficultés rencontrées et à prévoir
Malgré la réussite du programme depuis 2009, le nombre de participants aux champs-écoles ne progresse plus, même si l’on assiste à un renouvellement important. Par ailleurs, même les participants anciens continuent à ne consacrer qu’une partie de leurs terres à l’expérience, pas plus de 50% en général ; il faudrait savoir pourquoi. Est-ce la peur du risque? Il faut cependant observer que l’analyse fine des besoins alimentaires de chaque famille montre que dans deux villages il reste cette année un léger déficit alimentaire (6 à 15%) qui serait facilement couvert en cultivant une surface supérieure avec les techniques modernes. Nous manquons également d’information sur l’utilisation de ces techniques par les familles qui ont les moyens contracter directement un prêt auprès de la Mutuelle ou d’acheter directement les intrants. Cependant, l’efficacité du programme peut se mesurer par la meilleure rentrée des impôts communaux et l’importance du warrantage qui représente un excédent de production par rapport aux besoins.
Le soutien de trois ans du Ministère des affaires étrangères s’est achevé en juin 2013 ce qui va poser un problème d’investissement si la production s’accroit avec l’augmentation de la diffusion des techniques des champs-écoles : comment dans ces conditions investir dans la construction de nouveaux magasins de stockage? En effet, les locaux construits sont justes suffisants pour stocker les productions actuelles (cf. Rapport MAEE Technique et financier 2013). Ce sera l’objectif des prochaines années de rechercher les moyens de prolonger et étendre l’expérience en cours. Dans un premier temps il a été choisi d’associer cet effort à celui qui nous faisons dans le cadre de l’initiative 3N dans le domaine de l’extension du maraichage grâce à l’irrigation.
Voir aussi :
Bilan des 3 premières années (2008-2009-2010)
Que se passe-t-il en cas de sécheresse, cas de 2011 ?
la pomme de terre, mieux qu’une solution de secours
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