Campagnes agricoles 2018 et 2019 : bons rendements en mil et niébé mais problèmes de commercialisation
Après une mauvaise campagne 2017 en raison de la sécheresse, l’année campagne 2018 avait permis de retrouver les rendements d’une année correcte soit près de 7 00 kg /ha mais une baisse de soudaine des cours au moment la commercialisation en avril 2019 a empêché le remboursement correct des prêts de campagne et la compensation des pertes de 2017. Pour campagne 2019, seuls les 50 % producteurs (92) qui avaient pu rembourser ont pu bénéficier de prêts. Pour les autres, les remboursements ont été reportés d’un an sans intérêt. La bonne récolte 2019 devrait permettre de rétablir la situation.
Rappel campagne agricole 2017 et bilan du remboursement des prêts .
Le redémarrage des champs-écoles grâce au financement AFD avait permis le recrutement de producteurs solvable au sein des 5 organisations paysannes villageoises existantes (OP) et le choix de deux nouveaux villages pour l’organisation du pré-achat des semences et d’engrais et la mise en place de l’aide au labour. Au total dans les 7 villages, 218 producteurs avaient été bénéficiaires. Ils ont cultivé 246 ha de mil et 145 ha de niébé. Dans trois villages (Argoum, Togone et Chakafaché) l’apport d’engrais avait été complété par du compost qui a permis une meilleure germination et une meilleure rétention d’eau confortant ainsi les formations en agroécologie.
Malheureusement l’insuffisance de pluie et surtout leur mauvaise répartition (pas d’eau en fin de saison) a conduit à de très mauvaises récoltes, au nord en particulier. Les rendements en mil avaient été à peine supérieur à 200 kg/ ha contre 700 kg/ha en année normale. Cela avait conduit à une situation financière le plus souvent déficitaire avec une difficulté de rembourser les prêts pour les semences, l’engrais et le labour.
Malgré cette situation, l’opération de recouvrement de prêt-agricole a été lancée. Au total, sur les 16 800 € de prêts accordés, 9 000 € (52%) ont été recouvrés en 2018 avec de très grandes différences entre les villages du sud (100%) qui ont même pu rembourser les prêts antérieurs non soldés et ceux du nord (20%) très affectés par la sécheresse.
Campagne agricole 2018 : bons rendements mais des difficultés de commercialisation pénalisent le remboursement de prêt de campagne et ne compensent pas les pertes de 2017.
Le montant insuffisant de recouvrement des prêts de 2017 a empêché d’étendre à de nouveaux villages, comme c’était prévu, l’opération champs-écoles. Elle a aussi conduit à restreindre les prêts semences-engrais-labour aux villages qui avaient remboursés leurs prêts 2017. Afin de ne pas trop pénaliser les autres, les semences ont été fournies gratuitement et les échéances de leurs prêts 2017 ont reportées à 2019, sans intérêts.
Le nombre de villages est resté le même (7) par contre le nombre de producteurs de la campagne 2018 (247) dépasse un peu celui de la campagne agricole 2017 (218). En 2018 la superficie exploitée pour le mil est supérieure (265 ha) à celle de la campagne agricole 2017 (246 ha), tandis que la superficie exploitée pour le niébé (69 ha) est très inférieure à celle de la campagne agricole 2017 (145 ha). Il en est de même pour la quantité d’engrais et les superficies labourées au tracteur en raison de la diminution des prêts.
La pluviosité totale (446 mm) voisine l’an passé a été beaucoup plus régulièrement répartie surtout en fin saison, là où les grains se remplissent, si bien que la récolte a été bonne puisqu’elle s’approche des 700 kg/m2 que l’on obtient les années normales. On retrouve un gain de 60 % dans les champs écoles par rapport aux parcelles voisines cultivées traditionnellement. Curieusement les deux villages qui n’avaient pu rembourser leur prêts 2017 faute de récolte suffisante et n’ont donc pas reçu d’engrais, ont des rendements presqu’équivalents à ceux qui en ont reçu. L’explication de ce paradoxe proviendrait du fait qu’un certain nombre de producteurs ont acheté directement l’engrais sans faire de prêt et qu’ils ont utilisé le compost produit. Il n’en reste pas moins que dans les villages où il y a eu de l’engrais fourni, il n’y a pas de relation claire entre la quantité d’engrais et le rendement. Cela signifie qu’il faut mieux optimiser l’apport d’engrais en fonction du développement des plantes. Nous avions déjà diminué par deux l’apport d’engrais sans effet sur le rendement dans des années antérieures. Il faut continuer dans cette direction.
Ces bonnes productions pouvaient laisser espérer un bon remboursement des prêts 2018 et des reliquats de 2017 mais un événement imprévu a remis en cause cette prévision. En effet, en avril 2019, au moment de la vente des stocks qui permet de rembourser les prêts, le cours du mil s’est brutalement écroulé passant de 23 000 CFA à 17 000CFA le sac de mil à cause des ventes gouvernementales à prix réduit pour les zones qui avaient très peu produit au nord du département. Devant cette situation beaucoup de membres de OP ont préféré garder les sacs pour leur consommation personnelle et ont demandé à reconduire les prêts de campagne sur la saison 2019-2020. A cela s’est ajouté, un autre problème, climatique cette fois a été rencontré dans les deux nouveaux villages, Touloukaina et Karketchev où nous avons étendu le programme champs-écoles grâce au projet Sécurité alimentaire. Par manque de chance, une pluie épisodique exceptionnelle importante en avril a provoqué l’humidification des stocks de grains dans les magasins traditionnels et une perte partielle des réserves. Pour ces deux nouveaux villages nous n’avions pas pu construire les locaux de stockage en dur, les crédits prévus ayant dus être réaffecté à l’achat des groupes électrogènes.
Campagne agricole 2019
Les défauts de remboursement des prêts des années antérieures ont réduit de plus de moitié les possibilités de prêt au début de la campagne en juin 2019. En effet, nous travaillons depuis 2016 avec la réserve financière close constituée par les apports d’argent successifs du Ministère français des Affaires Étrangères et du programme Sécurité alimentaire de l’AFD, sans recours à des prêts bancaires cautionnés. Nous en avions vu le danger dans les années antérieures à 2016, les intérêts retard en cas de défaut de paiement aggravant encore la situation financière. C’est la raison pour laquelle, les seuls 92 producteurs qui avaient remboursé, ont pu bénéficier de prêts en 2019. Les superficies cultivées ont été de 114 ha pour le mil et 56 ha pour le niébé. Outre l’engrais qui a pu être acheté, 32 m3 de compost ont été utilisés par les 23 agriculteurs qui les ont produits. La pluviosité a été bonne et les rendements excellents puisqu’on atteint 850 kg/ha pour le champs-écoles soit un gain de 60% par rapport aux champs cultivés traditionnellement. Cette meilleure récolte permet d’espérer un meilleur retour de prêts. Dans l’état actuel du budget, un nombre de producteurs au moins égal à celui de 2019 pourra être soutenu en 2020. Cette notion de fonctionnement avec une enveloppe fermée a un rôle pédagogique. Elle aide a faire à rentrer dans l’esprit de tous que ce qui sort doit être égal à ce que rentre et conduit à responsabiliser certains mauvais payeurs qui auraient les moyens.